Ces derniers jours, j’avoue avoir été totalement anéantie par l’ardeur de la tâche qui nous attendait en voyant cet hiver si froid arriver si vite ! Ici, le cauchemar de l’année dernière a déjà recommencé dans des conditions au moins similaires. Les canalisations ont gelé et l’eau doit être distribuée au seau.
Je regardais mon fils de 24 ans avec une profonde admiration mais également une grande tristesse. Depuis près de deux heures, il se débattait à rouler une botte de foin, s’arrêtant pour reprendre son souffle avant de recommencer et tout cela afin de nourrir les moutons situés à cinq cents mètres du lieu de stockage du foin. Il en avait déjà emmené sept autres dans divers bâtiments, Cela lui a pris presque toute l’après-midi pour l’ensemble du domaine et il faut recommencer tous les deux jours. Du fait qu’un tracteur n’est absolument pas envisageable à l’heure actuelle, une brouette assez large pour pouvoir rouler les bottes de foin sans qu’elles n’arrivent dans les bâtiments couvertes de terre, de boue ou de neige est la seule solution que nous pouvons envisager. Bouleversant !
Nous avons regroupé afin de mieux les nourrir, nos « mémés brebis » et « pépés béliers » ainsi que nos handicapés, faibles ou malades. Mais tous avaient froids malgré tout et nous avons essayé, avec des bâches récupérées, de leur faire un petit coin à eux. Ce matin, lors de ma visite, je les ai retrouvés heureux de pouvoir s’y réfugier mais malheureusement tous ne peuvent s’y rendre faute de place.
Et que dire du reste ?
Hier, nous avons également trouvé une toute jeune chatte grelottant au milieu des bottes de foin. Elle n’est pas encore adulte mais sa maigreur est indescriptible. En ce moment, elle dort au chaud dans la cuisine avec les quatre autres chats et les deux chiens qui sont arrivés chez nous un peu de la même manière eux-aussi. Elle continuera sa vie avec nous.
Lorsque je suis allée voir les chevaux afin de leur donner des granulés et du foin, leurs sabots dans la neige sans autre abri que la nature et leurs grands yeux tristes m’ont anéantie. Je peux si peu pour eux.
Nous sommes toujours aussi seuls au domaine, mais je reprends espoir. Il y a quelques jours, un groupe de jeunes qui ne sont pourtant ni végétariens, ni actifs dans le monde animal et encore moins dans celui des animaux de ferme ont visité le domaine sur les conseils d’un parrain et ont téléphoné pour essayer de nous aider à trouver une solution pour ce toit à réparer et peut être aussi pour un abri pour les chevaux.
J’ai relevé la tête ce matin, le courage est toujours présent. Pour eux, pour tous ces animaux qui comptent sur nous, pour ces animaux que j’ai promis de sauver un jour, je vais me battre de toutes mes forces !
Le message doit passer, nos conditions de vie doivent être connues. Je vais contacter les médias, profiter d’internet qui est un outil informatique incroyable. Je vais frapper à toutes les portes. Tant qu’il y aura encore des portes…
Je veux aller au bout de ce sauvetage. Nous sommes prêts, mon fils et moi-même, à continuer de lutter pourvu que nous trouvions une solution durable pour nos pensionnaires mais également pour faire prendre conscience que les animaux dits « de ferme » ne sont et ne seront jamais plus que de la viande sur pattes !
Il est grand temps que les consciences s’éveillent.
Article du domaine des Douages de Dominique Mauer