Retour sur le blog!!! Je m'excuse de n'avoir pu être plus présente mais l'hiver est toujours équivalent à surcharge de travail
Un petit texte humoristique de ma part qui relate un peu notre travail quotidien durant l'hiver....
Je vais tenter de te présenter une petite partie du travail qui m’attend en cette période hivernale pour ainsi dire, chaque matin et chaque soir, le nourrissage…
On dit souvent doux comme un agneau ! L’exemple de la brebis fait figure de l’animal le plus paisible qu’il soit ! Mais ceux qui ont ainsi confondu cet animal, ne devaient sans doute jamais en avoir approché de prés.
Je vais essayer de t’expliquer cela au mieux….Tout d’abord, il y a plusieurs lots, et dans chaque lot environ 200 brebis. Deux personnes ; mon fils et moi-même !
Lorsque les seaux sont pleins de grains, et à bout de bras, commence alors un moment assez stressant….L’observation mutuelle qui dure quelques minutes avant une confrontation parfois sanglante!!!
Il faut savoir que le mouton tout doux soit-il, entre alors dans une espèce de transe assez impressionnante lorsqu’il nous voit arriver avec les seaux emplis de grains….
Son œil se rétracte !!!Toute trace de douceur séculaire a disparu…Les paupières se ferment ne laissant percevoir qu’une infime parti de l’œil. La tension est palpable et chacun de nos gestes dès lors, sont épiés, analysés…La brebis se retrouve en état d’alerte totale, et son taux d’adrénaline dans le sang en est à son paroxysme
200 brebis prêtes à bondir au moindre geste de départ de distribution de nourriture…Si les brebis ont des agneaux, alors ceux-ci commencent à reculer pour se mettre dans un coin à l’écart !! Ils savent …
Les minutes s’égrènent lentement… la sueur malgré le froid coule de nos fronts moites !! L’instant est capital !! Un clignement de l’œil discret entre mon fils et moi-même indique que nous sommes parés a commencer le nourrissage.
Alors d’un élan identique, nous entamons une course folle….200 brebis se mettant à faire de même, passant par-dessus les barrières, courant derrière nous de façon désordonnée et effrénée…L’angoisse monte encore d’un cran pour nous !! Ne pas se retourner, surtout ne pas regarder derrière soi !!! Il ne reste comme salut que de courir en déposant au mieux le grain d’un geste ample dans les râteliers que nous pouvons atteindre…
La cohue s’amplifie…Des brebis se glissent entre vos jambes, se jettent devant nous pour tenter d’avoir du grain avant même qu’il ne soit déposé…tombent, reculent, courent, sans savoir choisir une place aux râteliers, en sélectionnant dix pour n’être satisfaite d’aucune.
Malheur aux petits agneaux qui n’ont eu le réflexe de filer ou qui dormaient encore paisiblement, malheur à la brebis un peu faible
Malheur au pauvre berger qui n’aura pas pu lever suffisamment haut son seau en courant…et dont une brebis aura réussi à y glisser son museau, tirant celui-ci vers le bas, soutenu aussitôt par d’autres brebis voulant piller à leur tour le grain…Il est déjà trop tard pour lui !!!Le seau est inexorablement attiré vers le bas….Déjà, il ne peut plus avancer !! Déjà il se sent bousculé, renversé, piétiné, broyé par les dizaines de brebis qui se jettent sur lui sans pitié pour ce seau empli de grain…
Le berger se sent vaincu…Cette fois ci les brebis ont gagné !!! Il ne réussira pas sa mission !! Dans un dernier sursaut de fierté désespéré, à l’instar du Titanic relevant une dernière fois sa poupe, il lève une ultime fois son bras, le seau à la main sortant encore de cet amas d’animaux en furies, pour retomber lamentablement….L’homme a perdu !!!
Mais qui pourrait croire en cela ?
Dix minutes après la distribution du grain, toute violence et agressivité ont disparu…Les yeux ont repris leur douceur naturelle, les brebis sont redevenues les plus doux animaux de la terre…. Elles ruminent paisiblement en attendant leur prochain repas….
Mais qui connait l’épreuve qu’endurent chaque jour nos braves bergers ???