Hier, j’ai eu l’occasion de dialoguer avec une amie que j’aime beaucoup et qui se dévoue énormément pour la cause animale avec toute l’humilité du cœur, ce qui fait d’elle une grande dame à mes yeux. Je suppose qu’elle se reconnaitrait si elle venait à prendre connaissance de cet article.
Je me plaignais que j’avais la tonte et les vermifuges à faire prochainement, mais que je ne disposais pas des moyens pour le faire à l’heure actuelle…
Elle pensait que les animaux de ferme touchaient moins de personnes que d’autres car ce sont des animaux élevés pour nourrir les gens, bien qu’elle-même soit végétarienne. Même dans la protection animale, où des gens se disent aimer les animaux et les défendre, en continuant à les dévorer.
Y a-t-il un sens à tout cela ??? Peut-on aimer un chiot ou un chaton, être sensible aux souffrances des animaux et se retrouver le soir devant une blanquette de veau ou une côtelette d’agneau qui sont aussi des bébés animaux adorables, ne demandant que la vie comme cadeau !!
Voici la réponse que je lui ai faite et j’aimerais la partager avec les lecteurs du blog.
J’en reviens à ce que tu m’as dis hier concernant les ovins et le fait que peu de gens comprennent pourquoi ces animaux ne finissent pas mangés comme leurs congénères.
Je sais que notre action et ce que nous faisons n’est rien d’autre qu’une goutte d’eau dans la mer, alors que chaque jours des millions d’animaux sont abattus de façon pitoyable, pourtant je me plais à espérer que cette goutte d'eau sera bientôt annonciatrice d'une énorme averse de pluie. Mais pour mes pensionnaires la différence est grande, entre sentir le couteau près à leur trancher la gorge et la vie !!
Lorsque j’étais enfant, je vivais dans un petit village de campagne….Je me souviens qu’un chien ne rapportait pas d’argent, et n’avait droit à aucun respect particulier, souvent moins considéré qu’un animal de ferme, attaché au bout d’une chaîne, ayant tout au plus pour niche un vieux tonneau, mangeant dans une gamelle sale, buvant de l’eau tout aussi sale lorsqu’on y pensait !! Aucun soin pour lui s’il avait le malheur de devenir malade, et qui mystérieusement, en fin de vie, disparaissait sans que l’on sache exactement de quelle manière, mais qui devait certainement, être souvent sordide.
Je me dis parfois que la première femme qui a un jour décidé d’aider des chiens, des chats et des chevaux en Angleterre, puisque tout à commencé dans ce pays où la première association de protection animale est née, devait avoir un courage fabuleux, à une époque où les femmes n’étaient encore que de simples êtres vivants dépendant de leur mari en totalité…Oser sauver des animaux, qui pensait-on, ne ressentaient rien, et n’étaient en fait que des mécaniques sottes, des outils que l’on utilisait tant que cela était possible, des êtres sur terre juste pour nous servir sans contrepartie.
Mais les femmes ont bien compris que ce n’était pas le cas, il y a déjà fort longtemps !!! Les femmes ont appris depuis la nuit des temps en étant mère, d’autres langages que celui de la parole….Bien avant que l’enfant ne sache s’exprimer, elles ont su lire les besoins de leurs petits en observant les gestes de leurs corps, à lire dans les regards pour détecter la détresse, la joie ou la souffrance de leur progéniture afin de mieux palier au pire, à ressentir au fond d’elles même les choses pour autrui !!
Cette femme a du certainement paraitre comme nous paraissons bien souvent, une simple utopique, une malade ou pire une terroriste !! Se préoccuper d’un chien qui souffre quelle idée farfelue alors que Londres était plein de gens qui souffraient de différents maux…Seule!! cette femme a su dire « non » à tout cela parce qu’elle ne le supportait plus.
Aujourd’hui, les combats de cette femme ont porté leurs fruits, et plus personne ne s’indigne de voir un chien ou un chat chouchouté et aimé. Je ne vois plus de chiens pitoyables attachés au bout d’une chaîne lorsque je traverse un village, d’ailleurs son propriétaire serait montré du doigt !!
Un pas de plus est à faire !!! Les animaux de ferme!!! Aucun animal ne doit manquer de respect et de bien être, les animaux de ferme de la même façon que les autres. Seulement parler de respect à quelqu’un qui voit en l’animal son steak ou son gigot est très difficile à faire comprendre….Ceux qui protègent ces animaux n’en sont qu’au début d’un immense parcours semé d’embûches, mais je ne doute pas que les consciences se feront à leur rythme, et un jour on se demandera comment l’homme à pu agir ainsi !! De la même façon que l’on se révolterait contre le fait inimaginable aujourd’hui de manger ou de torturer un chien ou un chat.
J’ai la certitude que toute forme de refus de souffrance envers un être vivant quel qu’il soit est juste, et tant que je pourrais continuer à protéger et aimer ceux qui arrivent à ma porte, je le ferais !!
Ma condition de vie bien que difficile, ne le sera jamais autant que toute cette souffrance qui nous entoure, et bien que ce que je fais soit un puits sans fond, comme d’ailleurs toute œuvre caritative humaine ou animale, je pense que ce n’est pas en vain, puisque cela contribue à diminuer la misère et à faire prendre conscience.
« Il y aura toujours un chien perdu quelque part qui m’empêchera d’être heureux. »
(Jean Anouilh)
« Pourquoi la souffrance d’une bête me bouleverse-t-elle ainsi ?
Pourquoi ne puis se supporter l’idée qu’une bête souffre au point de me réveiller la nuit, l’hiver, pour m’assurer que mon chat a bien sa tasse de lait ?
Pourquoi la rencontre d’un chien perdu dans une de nos rues tumultueuse me donne-t-elle une secousse au cœur ?
Pourquoi la vue de cette bête allant et venant, flairant le monde, effarée, visiblement désespérée de ne pas retrouver son maître, me cause-t-elle une pitié si pleine d’angoisse qu’une telle rencontre me gâte absolument ma promenade ? »
(Emile Zola)
« Les couteaux lui restaient au flanc jusqu’à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang ;
Nos fusils l’entouraient en sinistre croissant.
Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et sans daigner savoir comment il a péri.
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.
(….)
Hélas !! Ai-je pensé, malgré ce grand nom d’hommes,
Que j’ai honte de nous, débiles que nous sommes !!
Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,
C’est vous qui le savez, sublimes animaux."
(Alfred de Vigny)